Mais les engrais naturels sont-ils dépourvus d’impact ?
Si les arguments en faveur des engrais naturels sont réels, il serait toutefois simpliste de les considérer comme totalement inoffensifs pour l’environnement. Leur production, leur transport et leur utilisation peuvent occasionner des conséquences non négligeables.
1. Des ressources parfois limitées et mal gérées
Les engrais minéraux, comme le phosphate naturel, posent de véritables défis environnementaux et économiques. Le phosphate est extrait à partir de gisements qui s’épuisent rapidement : on estime que les principaux stocks exploitables seront considérablement réduits d’ici la fin du XXIe siècle. Par ailleurs, son exploitation, souvent intensive, a des impacts écologiques majeurs (érosion des sols, pollution des eaux…).
D’un autre côté, la production d’engrais organiques comme le fumier dépend des élevages. Or, l’élevage en intensif peut engendrer d’autres problèmes environnementaux, comme des émissions de méthane ou des risques de pollution par excès de nutriments, notamment l’azote et le phosphore, lorsqu’ils sont mal gérés.
2. Le risque d’eutrophisation
Un des principaux dangers associés aux engrais, qu’ils soient naturels ou de synthèse, réside dans le phénomène d’eutrophisation. En effet, lorsqu’ils contiennent de fortes concentrations en azote ou en phosphore et qu’ils sont appliqués en excès, ces nutriments peuvent se retrouver dans les cours d’eau. Cela entraîne la prolifération d’algues qui, en se décomposant, privent les écosystèmes aquatiques d’oxygène, provoquant la mort de nombreuses espèces.
Ce problème concerne également certains engrais naturels. Un usage mal dosé de fumier, de lisier ou même de compost peut participer à ces déséquilibres, notamment dans les zones agricoles intensives.
3. Les émissions de gaz à effet de serre
Un autre aspect souvent méconnu est que les engrais naturels peuvent participer aux émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, la décomposition de la matière organique dans des engrais comme le fumier ou le lisier libère du méthane (CH₄) et du protoxyde d’azote (N₂O), des gaz bien plus puissants que le CO₂ en termes de réchauffement climatique.