Comment le compost et les matières organiques transforment nos sols pour une agriculture durable

24/03/2025

Pourquoi la matière organique est-elle essentielle pour les sols ?

Les sols agricoles ne sont pas homogènes : leur composition varie selon les régions et leurs caractéristiques dépendent de leur teneur en matières organiques. Mais qu’est-ce que cette fameuse "matière organique" ? Ce terme désigne tout ce qui provient d’organismes vivant ou ayant vécu, comme les résidus de culture, les déjections animales, les feuilles mortes ou encore le compost.

La matière organique enrichit les sols en leur apportant carbone, azote et autres nutriments essentiels. Ces éléments permettent non seulement de soutenir la croissance des végétaux, mais aussi d’améliorer la structure du sol en préservant sa porosité et sa capacité à retenir l’eau. Aujourd’hui, les experts estiment qu’un sol doit contenir au moins 3 à 6 % de matière organique pour pouvoir être considéré comme fertile. Malheureusement, avec l’intensification agricole, de nombreux sols cultivés dans le monde ont perdu cette richesse. Problème majeur : un sol appauvri se dégrade, devient compact et perd sa résilience face aux sécheresses ou aux pluies intenses.

Le compost : une solution naturelle et circulaire

Le compost est devenu un symbole de la transition vers une agriculture plus biologique et résiliente. Mais qu’est-ce que le compost exactement ? Plus qu’un simple engrais naturel, il s’agit du produit issu de la dégradation des matières organiques (déchets alimentaires, restes de cultures, fumiers…) par des microorganismes.

Les processus biologiques au cœur du compostage

La transformation des déchets organiques en compost repose sur un processus de dégradation aérobie. Des microorganismes comme les bactéries et les champignons décomposent la matière en présence d’oxygène, générant de la chaleur – jusqu’à atteindre parfois 70°C au cœur du tas. Ce processus réduit les pathogènes et stabilise la matière.

Contrairement aux engrais chimiques, le compost ne fournit pas une "dose de choc" de nutriments. Il agit lentement en libérant de manière progressive des éléments essentiels, comme l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K), au fil de la minéralisation. Ce mode d’action durable en fait un atout pour conserver l’équilibre des écosystèmes agricoles.

Un levier contre le gaspillage alimentaire

Le compostage, c’est aussi une réponse au défi des déchets alimentaires. Selon la FAO, près de 931 millions de tonnes de déchets alimentaires sont générés chaque année à l’échelle mondiale. En transformant ces biodéchets en compost, les agriculteurs (tout comme les collectivités ou particuliers) ferment la boucle, limitent les déchets en décharge et enrichissent leurs sols.

Les bienfaits concrets du compost et des matières organiques sur les sols

Quels sont les avantages directs, sur le terrain, des apports en compost et matières organiques pour les agriculteurs et les sols ? Voici les principaux :

  • Amélioration de la fertilité : En augmentant la présence d'humus dans le sol (le produit final de la décomposition), le compost favorise la disponibilité des nutriments pour les plantes.
  • Rétention d'eau accrue : Les sols riches en matières organiques retiennent jusqu'à 5 fois plus d'eau que les sols pauvres, offrant une solution précieuse contre le stress hydrique.
  • Prévention de l’érosion : Une structure de sol améliorée limite le ruissellement des pluies et la perte de particules fines.
  • Réduction des besoins en intrants chimiques : En enrichissant naturellement le sol, le compost diminue la dépendance aux engrais de synthèse et améliore la rentabilité à moyen terme.
  • Support pour la vie microbienne : Les microorganismes du sol, tels que les bactéries bénéfiques, voient leur activité dynamisée par l’ajout de compost, stimulant ainsi les cycles naturels des nutriments.

Étude de cas : des sols plus productifs grâce au compost

Une étude majeure menée en France par l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a montré que l’application répétée de compost sur des sols appauvris peut améliorer les rendements agricoles de 15 à 40 % après dix ans d’épandage, tout en restaurant leur activité biologique. L’étude souligne également une diminution des émissions de CO₂ des sols, le compost jouant un rôle de puits de carbone.

Quels sont les défis liés à l’utilisation massive du compost ?

Malgré ses nombreux avantages, l’emploi du compost à grande échelle comporte certains défis. L’un des principaux est la disponibilité de matières premières organiques. Transformer nos modèles agricoles pour produire du compost implique aussi de revoir les chaînes de gestion des déchets à l’échelle locale et nationale.

La qualité du compost est également cruciale. Un compost mal maîtrisé (mauvais rapport carbone/azote, présence de contaminants comme le plastique ou les métaux lourds) peut avoir des effets négatifs sur les sols. C’est pourquoi de nombreux pays, notamment en Europe, ont instauré des normes strictes pour garantir la qualité des produits issus du compostage.

Une pratique antigaspi et une solution d’avenir

Le compost et les matières organiques incarnent des modèles d’économie circulaire adaptés aux enjeux de ce siècle. Non seulement ces pratiques renforcent les sols, mais elles permettent aussi de réduire notre empreinte écologique et notre dépendance aux produits chimiques. Le compostage s’intègre par ailleurs dans de multiples stratégies : agriculture biologique, permaculture, ou encore agroécologie.

Pour les agriculteurs, les collectivités et les citoyens, investir dans ces solutions locales peut contribuer à restaurer des sols dégradés et à assurer la sécurité alimentaire pour les générations futures. Au-delà des bienfaits agro-écologiques, encourager une gestion plus vertueuse des matières organiques participe également à une dynamique collective, où la santé des sols devient l’affaire de tous.

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