L’agriculture de conservation : un allié précieux pour la biodiversité des sols

15/03/2025

Qu’est-ce que l’agriculture de conservation ?

Pour mieux comprendre son impact sur la biodiversité des sols, il est essentiel de définir ce qu’est l’agriculture de conservation. Il s’agit d’un ensemble de pratiques agricoles visant à respecter et améliorer les fonctions naturelles des sols tout en maintenant des rendements agricoles suffisants. Elle repose principalement sur trois grands piliers :

  • La couverture permanente des sols : garder des sols toujours couverts par une végétation vivante (cultures ou couverts végétaux), ou par des résidus de culture pour limiter l’érosion.
  • La réduction drastique du travail du sol : remplacer le labour profond par des techniques de semis direct ou de travail superficiel, diminuant ainsi les perturbations mécaniques.
  • La diversité des cultures : intégrer des rotations et associations de cultures variées afin de favoriser l’équilibre et la richesse du microbiome du sol.

Ces trois principes agissent de concert pour transformer les sols en écosystèmes vivants et résilients, propices à la biodiversité.

Des sols, écrins de vie : pourquoi la biodiversité des sols est-elle cruciale ?

La biodiversité du sol regroupe une immense variété d’organismes vivants, souvent invisibles à l’œil nu. On y trouve notamment :

  • les macro-organismes : lombrics, insectes, larves et autres invertébrés ;
  • les micro-organismes : bactéries, champignons, algues ou encore protozoaires, qui se comptent en milliards dans une poignée de terre saine ;
  • les racines des végétaux, qui interagissent directement avec la faune et les microbes du sol.

Ces êtres vivants jouent un rôle fondamental dans la fertilité et la structure du sol. Les vers de terre, par exemple, créent des galeries qui améliorent l’infiltration de l’eau et l’aération. Les mycorhizes, quant à elles, établissent une symbiose avec les racines pour permettre une meilleure absorption des nutriments. Chaque composant de la biodiversité du sol a une fonction unique et précieuse.

Les bienfaits de l’agriculture de conservation sur la biodiversité des sols

L’agriculture de conservation, en modifiant profondément les pratiques de gestion des sols, crée les conditions nécessaires à la prolifération et à la préservation de la biodiversité souterraine. Voici comment :

1. Une réduction des perturbations mécaniques

Le labour, longtemps considéré comme un passage indispensable en agriculture, provoque en réalité des bouleversements dans l’habitat des espèces du sol. Il détruit les galeries creusées par les vers de terre, expose les micro-organismes à l’air et la lumière, et accélère la minéralisation de la matière organique. En supprimant ou réduisant le labour via le semis direct, l’agriculture de conservation limite ces perturbations et favorise la résilience de l’écosystème souterrain.

2. La couverture permanente des sols

Les sols nus sont des environnements hostiles : soumis à l’érosion, aux écarts de température et à une baisse d’humidité, ils ne peuvent abriter qu’une biodiversité réduite. En revanche, un couvert végétal permanent protège les sols contre ces stress physiques, tout en fournissant un habitat riche en matière organique. Par exemple, un sol recouvert par une culture intermédiaire grouille souvent de vie, attirant aussi bien les micro-organismes que les insectes et lombrics.

3. La diversification des cultures

La monoculture, fréquente en agriculture intensive, appauvrit le sol et limite la diversité de ses habitants. En alternant régulièrement les espèces cultivées ou en adoptant des associations de cultures (comme l’agroforesterie), l’agriculture de conservation offre des niches écologiques variées, où chaque organisme trouve sa place. Les rotations permettant notamment de briser les cycles de maladies tout en stimulant des interactions bénéfiques.

Des chiffres pour illustrer le rôle fondamental de ces approches

  • Une baisse de 60 % de la population mondiale de lombrics a été observée dans des sols soumis au labour intensif, selon une étude des Nations Unies.
  • Une couverture végétale permanente réduit l’érosion des sols de plus de 90 % par rapport aux terres nues, révélait une publication de l’INRAE.
  • 1 hectare de sol sain contient entre 2 et 5 tonnes de micro-organismes, contribuant massivement à la fertilité de la terre (source : FAO).

Les limites et défis de l’agriculture de conservation

Si les avantages environnementaux de l’agriculture de conservation sont nombreux, il faut reconnaître certains défis pratiques à sa mise en œuvre. Dans certaines régions, les agriculteurs peuvent faire face à des limites économiques (investissements dans des machines adaptées ou semences spécifiques), ou à des problèmes techniques comme la gestion des adventices sans labour. Par ailleurs, les bénéfices sur la biodiversité peuvent prendre plusieurs années avant de se manifester pleinement.

Il est donc essentiel d’accompagner les agriculteurs dans cette transition, notamment via des formations, des incitations financières ou des échanges de bonnes pratiques.

Et demain : vers une agriculture toujours plus résiliente ?

L’agriculture de conservation n’est pas une solution miracle. Mais elle représente un pas de géant vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, notamment en favorisant la restauration des sols vivants. Alors que les défis du réchauffement climatique et de la sécurité alimentaire s’intensifient, miser sur la biodiversité des sols est sans doute l’une des stratégies les plus prometteuses pour concilier productivité et durabilité. Car finalement, un sol vivant est un sol d’avenir.

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